El Rincón (I)
La mer
étale et grise
étalée sur les dunes
grises
tu cours vers elle
sur le sable
gris
à t’en rompre le cœur
tes fins cheveux au vent
sérieuse
comme une papesse
comme s’il y en avait
tu te retournes
et me défies
me suis-tu
me suivras-tu
jusqu’à la fin du monde
la mer
col-vert
des bouillons d’écume
qui s’effacent
au pied des falaises
droites comme des i
tu leur fais face
un boulet de sable
noir
dans chaque main
tu sautilles
un cabri
huit années
ont filé
tu les défies
tu ne changeras jamais
ne change jamais
10 août 2019
La Orotava
Cent ans
ou peut-être plus
un siècle
au bas mot
à attendre
qu’elle arrive
du bout du monde
portée par les courants
aléatoires
d’un coin de terre
à Malaga
des milliers de milles
portée par le hasard
pourquoi celui-là
et pas un autre
Cent ans
ou peut-être plus
cyca
géante
mais seule
entourée d’étrangers
hospitaliers
mais inutiles
à attendre
qu’elle arrive
levée par les vents
ta belle et joyeuse
descendance
11 août 2019
El Rincón (II)
Nous devions courir
nous tendre
à en craquer
comme trop souvent
mais le temps nous fut rendu
par la grâce du hasard
ou plutôt d’une erreur
humaine
l’erreur est humaine
l’humain est une erreur
non une infime probabilité
qui se réalise
Il n’était plus l’heure
de partir
le temps nous avait été rendu
il était l’heure
de ralentir
de déguster sereinement
ce qui nous était présenté
l’inespéré
arrondit les angles
gomme les aspérités
nettoie l’horizon
Mais les casquettes
sont restées suspendues
une turquoise
avec une déesse argentée
une magenta
avec une étoile noire
seules
dans le bunker doré
malgré le calme retrouvé
tout départ est précipité
12 août 2019
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© Éditions de L’ARBàLETTRES, 2020