El Teide

(13e jour)

Trois mille cinq cent cinquante-cinq
mètres et des poussières
des cendres plutôt
c’est haut
nous ne sommes jamais allés si haut
pas sur terre
dans les airs oui mais ça ne compte pas


On voit le cirque en bas
elle dit chaudron
je dis cirque
les mots nous séparent parfois
pour rien souvent
elle a sûrement raison
et cette couronne rocheuse
impériale
la coupe est presque pleine
encore quelques millions d’années
un cratère
où scintillent quelques véhicules
minuscules taches multicolores
qui progressent la tête basse
aux pieds du colosse
vers la gueule de l’enfer
endormi
heureusement pour nous


Antonio raconte
le soufre
le basalte
l’oxydation de la coulée pétrifiée
sa passion pour les géants
leurs soubresauts
leurs colères
leurs légendes


Notre terre
laissez-le rire
nous ne sommes que des bactéries
très voraces ah ça oui
nous haletons
au milieu des crocs immobiles
balayés par les vents
si haut.

17 août 2019

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© Éditions de L’ARBàLETTRES, 2020 

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