Sur le chemin de Bruxelles
(21e et 22e jours)
Le Colonial (bis)
Reproduire
revenir sur les traces
qui se sont imprimées
dans les replis
de nos plaisirs
les plus intenses
celles qui creusent
un sillon profond
où la plus fraîche des eaux
s’écoule en chantant
Reproduire
sans lassitude
après tout
il est là
sur son tabouret
avec sa voix éraillée
ses joues creusées
son regard perdu
au loin
très loin
sur cette terrasse
sur cette ruelle
qui se veut boulevard
Broadway
et ses bazars chinois
Tes yeux brillent
tes oreilles ronronnent
ton cœur rit
Reproduire
sans frein
tant qu’on le peut
autant qu’on le peut
sous terre
sous les néons glauques
même là
il y est
encore et encore
il nous salue
il est pressé
il file
jusqu’à la prochaine fois
il y en aura
Vers et dans les airs
Se lever tôt
jeter un dernier regard
au village endormi
sous le ciel presque bleu
mais pas encore
le soleil s’étire
Se préparer doucement
sans heurt
ni crainte
Le moteur tourne
sans à coup
sans râle
les traits de peinture blanche
défilent dans l’ordre
de leur nature
Franchir les étapes
une à une une
sans heurt
sans tension
c’est si rare
c’est si bon
L’appareil est grand
plus grand que prévu
beaucoup plus grand
être reçus comme des rois
dans une suite volante
vous jouez riez vous étirez et dormez
nous flottons
allègres
dans nos cocons
tombés du ciel
c’est bien mieux comme ça
un dernier cadeau
26 août 2019