La Laguna de Santiago
et le Parc national de Garajonay
(du 18e au 20e jour)
La Laguna de Santiago (I)
Ça crie
non ça couine
non ça babille
non ça glousse
non ça chante
en se moquant
ou alors une plainte
oh légère
en ronds et en zigzags
le long de la falaise
noyée de lune
et d’étoiles
si nettes
si précises
si calmes
c’est l’heure de la pardela
cendrillon
qui se joue
du vacarme des flots
l’heure de se laisser aller
de se glisser
sous les draps
trempés de sueur
22 août 2019
Le Parc national de Garajonay
La dame a des cheveux roses
et deux ou trois bourrelets de trop
des anneaux
à gauche et à droite
des tatouages
au-dessus au-dessous
elle est débordée
il fait si chaud
et ils se sont tous donné rendez-vous
à l’ombre d’un parasol trop petit
ou sous le toit
de la masure
patience
ils s’en iront
et nous mangerons
à notre faim
et même mieux
et nous respirerons la paix
dans la vallée
écrasée de chaleur
d’immobilité
qui implore
la clémence
ils s’en iront
ils s’en retourneront
par les sentiers escarpés
qui serpentent
entre les lauriers
enchevêtrés
depuis que l’homme est homme
et même avant
à peine a-t-il été effleuré
ce témoignage de l’éternité
presque éternité
car même la terre est née
car même la terre s’éteindra
un jour lointain
jamais assez
pour
nos enfants
23 août 2019
+ Photo plein écran
La Laguna de Santiago (II)
Il est temps que ces vacances s’achèvent
sentence glacée
pompe cassante
alors que sa fille
vient de se cogner
contre l’arête implacable
d’une marche plus haute
que les autres
et qu’elle pleure
dans ses bras
les grandes phrases
vides et impertinentes
sentences creuses
froide présomption
Moi vivant personne ne descendra par là
sentence hystérique
morgue tyrannique
qui cache mâle
la terreur
et si elles chutaient
du haut de cette falaise
sans fond
le fond y est
certes
mais pas la forme
un brouillon d’homme
rien qu’un brouillon
une feuille à chiffonner
à jeter à la corbeille
une feuille blanche
pour tout recommencer
si c’était possible
il n’y a que des testaments
qu’il
faut renier
24 août 2019
+Photo plein écran